La signification de l’Islam

La signification de l'islam

D’un point de vue linguistique, le mot « islam » a de nombreuses acceptions mais presque toutes sont en rapport avec la docilité, la soumission, l’obéissance, la sincérité, l’humilité et l’acceptation. Dans le Coran, le mot « islam » a également différentes acceptions qui restent en rapport avec le langage courant. Nous allons les passer en revue :

  1. L’islam pris au sens de « sincérité ». En effet, Allah dit : (Quand son Seigneur lui dit : « Soumets-toi », il dit : « Je me soumets au Seigneur de l’Univers ») (S. Al-Baqarah –La vache, V.131). Il dit également : (Et quiconque soumet son être à Allah…) (S. Luqmân, V.22). Il dit aussi : (S’ils te contredisent, dis leur : « Je me suis entièrement soumis à Allah, moi et ceux qui m’ont suivi »…) (S. Â-Imrân-La famille De ‘Imrân, V.20.)
  1. b.L’Islam pris au sens de « reconnaissance ». En effet, Allah dit : (…alors que se soumet à Lui, bon gré, mal gré, tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre…) (S. Â-‘Imrân –La Famille De ‘Imrân, V.83)
  1. L’Islam pros au sens de « monothéisme ». Cet avis est celui d’Ibn al-Jawzi qui donna comme argument le verset où Allah dit : (…C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah…) (S. Al-Mâ ‘Idah –La Table Servie, V.44.)
  1. d.L’islam pris dans le sens de « soumission ». Cet avis est également celui d’Ibn al-Jawzi qui donne comme argument le verset où Allah dit : (…alors que se soumet à Lui, bon gré, mal gré, tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre…) (S. Â ‘Imrân –La Famille De ‘Imrân, V.83.)

L’Islam au sens large et au sens restreint

  1. L’islam se définit de façon générale comme le fait de se soumettre à Allah, de se plier aux prescriptions des prophètes et d’exprimer cette obéissance par ses actes.

Une autre définition consiste à dire que l’islam est la soumission du serviteur à Allah en apparence et dans les faits : il exécute Ses ordres et s’éloigne de Ses interdits, conformément aux prescriptions divines transmises par les Messagers.

  1. Au sens le plus restreint, l’islam désigne la forme particulière que prend la soumission à Allah et qui se fonde sur les prescriptions transmises par le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui).

Voilà donc le Sceau des religions par lequel Allah a clos le cycle des révélations et Allah n’acceptera pas d’autre religion que celle-ci. En effet, Allah dit : (Certes, la religion acceptée par Allah est l’Islam…) (S. Â-‘Imrân- La Famille De ‘Imrân, V19.). Il dit également : (Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agréé…)

De plus le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Par Celui qui détient l’âme de Muhammad (paix et salut sur lui) dans Sa main ! Tout juif ou chrétien ayant entendu parler de moi et qui meurt sans avoir cru en ce que j’ai été chargé de transmettre fera partie des ceux qui sont voués à l’Enfer ».

L’islam, la religion de la saine nature

En langue arabe, le mot fitrah (saine nature) désigne l’état de nature dans lequel l’homme a été créé. Ibn Mandhûr dit en effet : « Le verbe fatara signifie créer, commencer. Le substantif fitrah signifie donc commencement, création ».

Il dit également : « La fitrah est l’état primordial dans lequel Allah créa les créatures et qui correspond à une connaissance intuitive d’Allah ; le verbe fatara signifie créer ». Tel est donc le sens du mot fitrah.

Dans le vocabulaire religieux, la fitrah désigne l’Islam selon l’avis le plus juste, adopté notamment par Ibn Taymiyyah et son élève Ibn al-Qayyim –qu’Allah leur fasse miséricorde.

La fitrah est l’une des sources du sentiment religieux chez l’homme : les textes religieux affirment que l’être humain a été créé avec la faculté de reconnaître l’existence du Créateur et de L’adorer.

Ibn al-Qayyim a écrit : « On rapporte que ‘Ikrimah, Mujâhid, Al-Hasan, ‘Ibrâhîm, Ad-Dahhâk et Qatâdah dirent à propos du verset où Allah dit : (…telle est la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes –pas de changement à la création d’Allah-…) (S. Ar-Rûm –Les Romains, V.30.) : (la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes) (fitratu Llâh) désigne l’Islam et (pas de changement à la création d’Allah) signifie pas de changement de la religion d’Allah ».

Ainsi, il apparaît que chaque créature sait spontanément, dès l’instant où elle est créée, que sa création est le fait du Seigneur de l’Univers : nul besoin pour cela de réflexion ni d’enseignement préalables. Ne s’écartent de la fitrah que ceux dont le cœur est ultérieurement affecté par une source de corruption extérieure.

La fitrah dans les hadith prophétiques 

      Le Prophète (paix et salut sur lui) dit en effet : « Tout nouveau-né vient au monde avec la fitrah. Ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien ».

Dans une autre version du hadith, le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Tout nouveau-né vient au monde fidèle à cette religion… » Ou « Tout nouveau-né vient au monde fidèle à la Religion… ».

D’autre part, le Prophète (paix et salut sur lui) dit dans le hadith de ‘Iyâd ibn Himâr : Allah dit dans un hadith Qudsi : « J’ai créé tous mes serviteurs en purs musulmans (Hunafâ’). Les démons les ont alors détournés de leur religion… ».

Comment se traduit cette fitrah chez l’homme ?

L’être humain est naturellement créé pour chercher refuge auprès de son Seigneur dans les moments difficiles. En effet, face à l’adversité ou lorsqu’il affronte un danger, tout être humain, même athée, oublie les idées et les chimères qui lui ont été inculquées et dévoile la nature innée avec laquelle Allah l’a créé. Du plus profond de son être surgit alors un appel à l’aide adressé à son Unique Seigneur afin qu’Il le sauve de son malheur. Allah nous fait remarquer très justement ceci : (Quand ils montent en bateau, ils invoquent Allah Lui vouant exclusivement leur culte. Une fois qu’Il les a sauvés des dangers de la mer en les ramenant sur la terre ferme, voilà qu’ils Lui donnent des associés). (S. Al-‘Ankabût –L’Araignée, V.65.)

Affirmer que l’être humain naît avec une saine nature ne signifie pas qu’il connaît de façon innée tous les aspects de l’Islam car Allah –Gloire et Majesté à Lui- dit : (Et Allah vous a fait sortir des ventres de vos mères, dénués de tout savoir…). (S. An-Nahl –Les Abeilles, V.78.)

Ce verset ne remet pas en cause le fait que l’être humain distingue d’emblée l’associationnisme du monothéisme puisque le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Tout nouveau-né vient au monde fidèle à cette religion… » ou « Tout nouveau-né vient au monde fidèle à La Religion… »

Il signifie plutôt que tout être humain aime son Créateur dès la naissance, reconnaît Sa Seigneurie et se déclare Son serviteur. Ainsi, si cette nature était préservée et ne rencontrait pas d’obstacle, elle resterait telle quelle, tout comme un nourrisson naît en aimant les aliments et les boissons qui conviennent à son corps, comme le lait par exemple. C’est pourquoi le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien ». Il ne dit pas qu’ils font de lui un musulman car il l’est déjà, par nature. C’est en effet l’adoption d’une autre religion que l’Islam qui constitue l’abandon de l’état originel.

Parole d’Ibn Achur sur l’Islam et la fitrah

Muhammad At-Tâhir ibn ‘Âchûr –qu’Allah lui fasse miséricorde- a écrit sur ce sujet : « Lorsque l’on dit qu’Allah créa les hommes fidèles à l’islam, cela signifie qu’à leur création, ils acceptent déjà les prescriptions de cette religion car elle est conforme à leur nature. Ils ne s’en éloignent pas et ne la renient pas. Ils reconnaissent ainsi l’unicité d’Allah car le monothéisme va de pair avec la raison et la saine réflexion. En effet, si l’on n’inculque à l’être humain aucune opinion ni aucune croyance, sa saine nature le guidera vers le monothéisme ».

Il ajoute plus loin : « Puisque l’islam est la saine nature, ses prescriptions sont indissociables des exigences de la saine nature et cette caractéristique est propre à l’Islam parmi toutes les religions. Cela reste valable même pour ses subdivisions. Concernant ses principes fondamentaux, il les partage avec les autres religions révélées, ce qui est appuyé par le verset où Allah dit : (…Telle est la religion droite…)  (S. Yûsuf –Joseph, V.40.). L’islam est universel, éternel et convient à toutes les époques ainsi qu’à toutes les sociétés et ceci ne peut être valable que si ses prescriptions sont bâties sur les fondements de la saine nature humaine. De plus, pour que l’Islam soit vraiment la saine nature, il doit être bienveillant et facile à pratiquer car la bienveillance et la facilité sont des caractéristiques de la saine nature ».

« Dire que l’Islam correspond à la nature innée de l’homme signifie que le fondement de sa croyance est compatible avec les exigences de la saine nature et de la raison. Quant à ses prescriptions et ses ramifications, elles sont soit naturelles et conformes à la raison, soit conformes à son intérêt tout en n’entrant pas en contradiction avec sa saine nature. De même, les règles qui président aux relations avec autrui sont aussi reconnues par la saine nature car rechercher son intérêt fait partie de la saine nature ».

Les influences qui font que l’on délaisse l’Islam 

Ainsi, il apparaît clairement que l’Islam correspond à la nature innée, à l’état originel dans lequel Allah a créé les hommes, et que l’être humain est naturellement enclin à accepter l’existence de son Créateur et à L’adorer. Telle est l’origine du sentiment religieux selon les textes. Ces derniers affirment également que la saine nature peut être modifiée ou déviée après avoir subi des influences extérieures. On distingue trois catégories :

  1. Les démons : Il s’agit de la première et de la principale influence comme l’indique le hadith de ‘Iyâd ibn Himâr cité précédemment. Les démons en question sont les humains et les djinns dont la préoccupation est d’éloigner les gens de leur saine nature et de les détourner de leur Seigneur.
  1. Les parents : Dans le hadith précédemment cité, le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « …Ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien ». L’influence des parents figure parmi les plus fortes influences car les enfants leur sont naturellement très attachés. Il arrive également que la société ou les médias jouent le rôle des parents dans ce domaine, voire qu’ils exercent une influence encore plus forte.
  1. L’insouciance : C’est l’un des principaux dangers qui guettent la saine nature. Le fait de s’abandonner à la vie ici-bas et rechercher ses plaisirs peut faire oublier à l’être humain son Seigneur et le faire dévier de la fitrah. Allah dit à ce sujet dans le Noble Coran : (Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? ». Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons… » -afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous étions insouciants », ou que vous auriez dit (tout simplement) : « Nos ancêtres autrefois donnaient des associés à Allah, et nous sommes leurs descendants, après eux. Vas-Tu nous détruire pour ce qu’ont fait les imposteurs ? »). (S. Al-‘A’râf, V.172-173.)

Ces versets montrent que l’insouciance est une des principales causes de corruption de la saine nature.

La sagesse d’ALLAH à travers cela

A quoi donc sert la fitrah, lorsqu’on sait qu’elle subit sans cesse des influences extérieures qui causent son altération et que l’être humain ne peut pratiquement pas être à l’abri de ces menaces ?

La réponse est qu’Allah, dans Sa Sagesse, a créé la fitrah de cette façon afin que l’être humain soit éprouvé par le bien et par le mal et qu’il soit rétribué en fonction de son attitude face à ces épreuves. En effet, si la fitrah était résistante au point de n’être altérée par aucune influence, la mécréance et la déviance n’existeraient pas parmi les êtres humains. La notion d’épreuve serait donc vidée de son sens et cela contredirait donc le dessein divin. Malgré sa vulnérabilité, la fitrah est précieuse à de nombreux égards :

  1. C’est elle qui implante dans l’âme humaine le sentiment religieux et la prédisposition à adorer Allah.

 Lorsque l’être humain ne trouve pas la voie qui le mène à Allah, il se met à adorer une autre divinité afin de satisfaire son besoin impérieux d’avoir un dieu à adorer. On peut rapprocher cela de la situation de l’affamé qui, en l’absence d’une nourriture saine, se rabat sur ce qui est à même de calmer cette faim, quand bien même il s’agirait de quelque chose de répugnant. On comprend mieux ainsi l’universalité du fait religieux, présent chez tous les hommes même si cette adoration est vouée à de fausses divinités et s’appuie sur des pratiques inauthentiques.

  1. La fitrah inscrit dans l’être humain l’acceptation de sa servitude vis-à-vis d’Allah. 

Elle l’incite à se mettre en harmonie avec ses exigences. C’est un élément important car l’âme éprouve de la répulsion pour tout ce qui n’est pas compatible avec la saine nature.

  1. La saine nature opte toujours pour la vérité lorsqu’elle se retrouve face à un choix. 

Lorsque par exemple un être humain s’intéresse à deux religions, l’une vraie et l’autre fausse, sa fitrah fait la distinction entre les deux et opte pour la vraie. Mieux, son choix devient une conviction et alors, l’être humain assume ce choix et s’y conforme. S’il refuse la vérité, ce sera par soumission à ses passions, par peur, par fidélité à ses traditions ou pour tout autre motif. Allah dit à ce sujet, s’agissant de Pharaon et son peuple : (Ils les nièrent injustement et orgueilleusement, tandis qu’en eux-mêmes ils y croyaient avec certitude. Regarde donc ce qu’il est advenu des corrupteurs). (S. An-Naml-Les Fourmis)

  1. La fitrah affermit les pas de celui qui a été guidé vers la vérité même s’il ne détient pas toutes les preuves justifiant sa certitude. Ceci explique -et Allah est le plus Savant- le fait que le musulman rejette rarement sa religion au profit d’une autre. En effet, l’islam correspond à sa saine nature et ce fait lui donne la certitude qu’il pratique la vraie religion. De même, celui qui pratiquait auparavant une autre religion puis se convertit à l’Islam se cramponne à sa nouvelle religion comme il se cramponnerait à une bouée de sauvetage. Cela ne peut s’expliquer que parce qu’il a la certitude que cette religion est la vraie religion, et cette certitude elle-même découle de la conformité de l’islam avec la fitrah. Allah est le plus savant.